Pour être plus productif au travail, il est urgent de faire une pause.
Le repos a mauvaise réputation dans notre culture. Il est considéré au mieux comme une simple absence de travail, au pire, il est assimilé à de la paresse.
Mais rien ne pourrait être moins vrai.
Les pauses sont un élément essentiel pour bien travailler et pour travailler intelligemment. Le repos nous aide à penser, à innover et à augmenter notre productivité.
Même lorsque notre cerveau est au repos — lorsque nous ne sommes pas directement concentrés sur une tâche — il reste en veille pour résoudre les problèmes, examiner les solutions possibles et rechercher de nouvelles informations. En apprenant à mieux se reposer, nous pouvons favoriser ces processus.
Le repos, c’est comme la course à pied. Tout le monde sait comment faire, mais il est possible d’apprendre à être plus performant. Apprendre à mieux se reposer, pour profiter des effets plus profondément, plus durablement et en être plus régénéré.
Voici 5 méthodes pour faire une pause au travail, qui améliorent le recentrage, la réflexion et la créativité.
1. Faire un "arrêt sur image"
Faire travailler son cerveau, ne signifie pas négliger son corps. Prendre quelques instants de pleine conscience, en étant présent à soi permet de libérer les tensions inutiles dans le corps et de prendre soin de soi très facilement.
La pratique de « l’arrêt sur image » a l’avantage d’être simple à mettre en oeuvre, plusieurs fois dans la journée. Vous pouvez l’associer à un geste que vous faites quelques fois dans la journée, pour que cela devienne un automatisme : quand vous changez de dossier, quand vous attendez devant la photocopieuse, quand vous ouvrez un programme informatique …
Il suffit alors de prendre quelques instants de pause pour s’arrêter complètement de bouger, et de se mettre à l’écoute de son corps. Vous deviendrez probablement conscient qu’il existe des tensions inutiles, des inconforts dans votre corps. Alors, vous rectifierez votre position en ne faisant qu’un seul geste pour améliorer votre confort. Puis un deuxième geste, et enfin, vous ferez tous les ajustements nécessaires pour trouver une position confortable.
Ce petit moment de pleine conscience vous apportera une pause bénéfique pour le corps : en réduisant les tensions inutiles, vous désamorcerez des contractions plus importantes qui auraient pu s’installer, notamment dans le dos et la nuque.
2. Marcher
La marche peut être un moyen simple de faciliter la pensée créative. Non seulement il s’agit d’une forme d’exercice (qui oxygène le cerveau), mais la marche peut également aider notre cerveau à se défocaliser des problèmes, ce qui favorise la créativité.
Des chercheurs de Stanford ont mené une série d’expériences sur les effets de la marche sur la créativité, en demandant aux personnes testées de trouver de nouvelles façons d’utiliser un objet du quotidien, comme un bloque-porte par exemple. Les chercheurs ont comparé les performances des participants dans quatre conditions : marcher sur un tapis roulant, être assis à l’intérieur, marcher à l’extérieur ou être conduit à l’extérieur en fauteuil roulant.
Leurs résultats ont montré que marcher tout comme être à l’extérieur, permettait d’améliorer les performances au test. De plus, dans une expérience, les chercheurs ont montré que les bénéfices de la marche sur la créativité ne disparaissaient pas immédiatement, mais se poursuivaient dans le temps, avec de meilleures performances lors de tests ultérieurs.
Marcher stimule la créativité et peut vous aider à résoudre les problèmes rencontrés au travail, en particulier si vous marchez alors que les problèmes sont encore frais dans votre esprit. Pour le naturaliste Charles Darwin, par exemple, la marche constituait un stimulant créatif si précieux qu’il a tracé un «sentier de réflexion» près de chez lui et qu’il s’y retirait tout en travaillant sur des problèmes épineux.
3. Faire la sieste
Si vous faites un travail créatif pendant de longues heures ou dans un environnement exigeant, les siestes de l’après-midi peuvent avoir un effet réparateur. Des scientifiques du sommeil ont constaté que même une courte sieste pouvait être efficace pour recharger vos batteries mentales.
L’avantage le plus évident de la sieste est qu’elle augmente la vigilance et diminue la fatigue.
Même une courte sieste de 10 à 20 minutes augmente la mémoire et la capacité à se concentrer en offrant au cerveau un moment de récupération, tout en diminuant les risques d’accident. Faire la sieste est donc particulièrement intéressant pour les personnes qui travaillent en horaire décalé.
Faire la sieste, ça s’apprend : des techniques de « sieste flash » de moins de 5 minutes, sans sommeil réel, peuvent être enseignées lors d’ateliers en entreprise. C’est une technique de sophrologie qui amène la détente et qui peut se pratiquer dans les transports en commun ou au bureau.
4. S'arrêter au bon moment
Bien que beaucoup d’entre nous pensent que se forcer à travailler longtemps, des heures ininterrompues est le meilleur moyen d’être productifs, la science suggère le contraire. En fait, travailler plus longtemps peut être source de stress, d’épuisement professionnel, de désengagement et de dégradation des résultats au travail. Cela peut aussi nuir à la créativité et à l’innovation.
Une forme de repos contre-intuitif mais efficace consiste à arrêter de travailler au bon moment : lorsque vous travaillez en mode automatique et que toutes vos actions deviennent prévisibles. Ernest Hemingway était un défenseur célèbre de la pratique : « Arrêtez-vous toujours lorsque vous savez ce qui va se passer par la suite« .
S’arrêter quand il reste un peu d’énergie facilite la reprise le lendemain. Cela semble également inciter le mental à s’attaquer aux problèmes de travail entre-temps, suggérant que l’intuition de Hemingway était correcte.
Laisser consciemment des tâches non accomplies, en laissant la dernière phrase d’un paragraphe non écrite, par exemple, incitera votre esprit à continuer de cogiter sans que vous en soyez conscient. Cette stratégie stimule la créativité.
5. Dormir
Le sommeil est bien sûr la forme de repos ultime et impacte réellement la créativité et la productivité.
Selon l‘Institut National du Sommeil et de la Vigilance, 8% des français ont été absents au moins une fois au travail au cours des 12 derniers mois en raison de troubles du sommeil et 13% ont conduit en manque de sommeil ou en état de somnolence dans le cadre de leur activité professionnelle et ont risqué l’accident. 37% estiment que les horaires ou rythmes de travail perturbent le rythme de leur sommeil. Les répercussions se font essentiellement ressentir sur l’énergie et le dynamisme, la concentration et la capacité à ne pas faire d’erreur.
Au cours de la journée, notre corps utilise principalement son énergie pour l’activité motrice et les fonctions cognitives. Lorsque nous nous endormons, notre corps passe en mode « maintenance » et se consacre au stockage de l’énergie, à la réparation ou au remplacement des cellules endommagées, tandis que notre cerveau élimine les toxines, traite les expériences de la journée et travaille parfois sur les problèmes de notre vie quotidienne.
Toutes les recherches soulignent l’importance du repos. Notre culture peut nous pousser à faire fonctionner notre organisme toujours plus, mais cela ne nous aide manifestement pas à être plus productifs ni à proposer des solutions créatives à nos problèmes.
Lorsque nous traitons les pauses comme une stratégie de travail à part entière, que nous les considérons comme un terrain de jeu pour la créativité et un tremplin pour de nouvelles idées, et que nous apprenons à nous reposer plus efficacement, nous les valorisons comme un moyen précieux d’organiser nos vies professionnelles, de nous donner plus de temps de qualité et de nous aider à être plus performant.
Le repos n’est pas de l’oisiveté. C’est la clé d’une meilleure performance.